Depuis samedi Babar a repris la mer ! Il a quitté Paimboeuf pour retrouver les traces laissées par les survivants de l'expédition de La Pérouse. Bon vent à Pierre et Babar !
Grand-voile vers la légendeCréé le 26.08.09 à 07h07 | 20 Minutes
Dans sa cale s'entassent romans d'aventures et livres d'histoire. Une cinquantaine, pas plus : « Je les échangerai à chaque escale. » A 61 ans, Pierre Raffin-Caboisse sait ce qu'il aime, ce qu'il veut et comment l'obtenir. Samedi matin, il a quitté Paimboeuf. Il a taillé sa sempiternelle moustache, a embrassé son épouse et ses trois enfants, puis il a pris la mer. Pour de longs mois de navigation : « Certains partent en retraite en fin de vie. Moi j'ai pris un acompte pendant que j'étais en forme », s'amuse-t-il. Direction les Canaries, l'Ile de Pâques, Nouméa...
Le Nantais a déjà un tour du monde à son actif. C'était en 1999, il avait mis trois ans. A l'époque, il bourlinguait sur les traces du Croisicais Jacques-Yves Le Toumelin. Cette fois, il vogue dans le sillage du comte de La Pérouse, parti s'échouer en 1788 avec son expédition sur les récifs de Vanikoro, au nord de la Nouvelle-Calédonie. Quatre-vingts marins auraient survécu au naufrage, construit un canot et quitté l'île pour une destination restée inconnue.
Pierre s'en va prendre de leurs nouvelles, écouter légendes et anecdotes. Une fois arrivé, il fera de Nouméa sa base jusqu'en 2015, explorant six mois par an les routes qu'auraient pu emprunter les naufragés : « J'espère en retrouver quelques descendants. »
Ses yeux plissés sont emplis d'assurance. Elle le passionne, cette histoire, lui qui dévore tout ce qui concerne les navigateurs du XVIIIe siècle, et prépare un livre sur Bougainville. L'aventurier le sait : « Ça ne va pas être facile de faire parler les locaux. » Il compte sur Babar, sa réplique de langoustier en bois acquise en 1994. Ce bateau, « on a envie d'aller vers lui. » Pierre l'a préparé pendant des mois sur la cale n°2, à Nantes. « Il a l'air solide, mais une déferlante peut en briser le pavois. » Babar a 28 ans. Il ne les fait pas. Le mât, les voiles et les cordages sont neufs. La cuisine aussi, faite maison : « On n'a gardé que la coque, en fait. »
Le voyage n'est pas donné, « 200 000 euros d'ici à 2015 ». Mais l'ex-élève des Beaux-arts a su se financer, entre autres, par la vente d'aquarelles ou de livres inspirés de son dernier périple. Pas le choix : même avec un père comptable et une mère institutrice, la mer, il l'a dans la peau. Depuis qu'il a « découvert Christophe Collomb ». Depuis son enfance à Noirmoutier. Depuis son premier sardinier en bois, à 10 ans. « Mes grandes transocéaniques, c'était Noirmoutier-Pornic. » Seule l'échelle a changé. W
Pierre Raffin-Caboisse rédige son carnet de bord sur www.babarautourdumonde.fr
Antoine Gazeau (20 minutes)
(extrait de 20 minutes de ce jour)